Les enfants,  Mieux se comprendre

Besoins et apprentissages clés de l’enfant : l’Amour

Introduction

Dès petit, l’enfant se construit. Sur le plan physique il est facile de voir et de comprendre son développement mais sur le plan psychique cette construction n’est pas toujours simple à cerner. On en voit les conséquences mais on en comprend difficilement les causes. Qu’est-ce qui se joue alors chez l’enfant ? Qui n’est d’ailleurs qu’un bébé au début de sa construction. Eh oui ! Contrairement à ce qu’on pourrait croire tout commence quand bébé nait. Tout ce qu’il va recevoir comme attention, comme soins, comme paroles va être important pour son développement physique mais aussi psychique, afin de devenir un adulte autonome. Ainsi,  Bébé se construit : il développe et affirme une personnalité et sera en recherche d’une identité. Telle est la quête de chaque être : répondre à la question suivante : QUI SUIS-JE ? On peut repérer plusieurs fondements pour cette construction, notamment l’AMOUR :

L’Amour

Définition et fonction :

 Le premier des besoins de tout être humain est de se sentir aimé, de savoir qu’il est important pour quelqu’un. Ce besoin est présent  dès la naissance et s’accroit quand l’enfant grandit. En effet, l’amour des parents va être le premier « lien de sécurité » pour l’enfant. Il va pouvoir se détacher d’eux sans avoir peur de les perdre pour autant. Ce sentiment de sécurité va avoir un impact sur le développement de l’enfant parce qu’il va passer d’un détachement physique (l’entrée à l’école) à un détachement psychique (je suis une personne différente de mes parents) voire moral (j’ai des valeurs, des pensées qui diffèrent de celles de mes parents). Or si ce lien de sécurité n’est pas enclenché chez l’enfant il aura peur de perdre leur amour à la moindre tentative d’individuation.

Mais vous vous dites surement : «  Mais qui n’aime pas son enfant ? » En effet, rares sont les parents qui n’aiment pas leur enfant. Mais moins rares sont les parents qui ne manifestent pas leur amour à leur enfant.

Connaissez-vous cette citation de Pierre Reverdy ? :

« Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. »

Il y a beaucoup de citations sur l’amour mais j’aime beaucoup celle-ci parce qu’elle est très juste et peut refléter la pensée d’un enfant. Pour lui, si ses parents ne manifestent pas leur amour par des « preuves » alors ils ne l’aiment pas. Combien de parents ont été tristes d’entendre un jour leur enfant dire : « Tu ne m’aimes pas ! » et eux de devoir répondre : « Mais si je t’aime, tu es mon enfant » Mais cette évidence n’en est pas une pour l’enfant. Et si on est honnête avec nous même cette évidence n’en ai pas une non plus pour l’adulte qui a besoin aussi de sentir qu’il est aimé. Ainsi dans le couple on retrouve ce besoin de preuves d’amour pour se sentir sécurisé dans une  relation amoureuse. (Voir la rubrique concernant le couple)

L’amour se manifeste :

Revenons sur les preuves d’amour. Vous vous dites surement maintenant « Mais je montre à mon enfant que je l’aime ! Mais il sait que je l’aime…  Mais est-ce qu’il ressent vraiment  l’amour que je lui porte ?… »

L’enfant va ressentir l’amour de ses parents selon différents pôles, par ce que j’appelle les 3 A de l’Amour :

– Par de l’AFFECTION : Ce premier pôle correspond à toute la tendresse que le parent va pouvoir manifester à son enfant.

Sur le plan verbal : l’affection peut se manifester par des paroles douces, dans lesquelles on y ajoute les surnoms affectifs tels que « mon cœur, mon petit chéri » etc.
Sur le plan non verbal : Il s’agit ici des câlins, des gestes tendres qu’on va avoir vis-à-vis de son enfant.

L’affection est la première chose que l’enfant va ressentir et surtout comprendre très tôt. D’ailleurs depuis qu’il est bébé il est attentif aux caresses, à la façon dont on le porte dont on lui prodigue les soins nécessaires. (Le holding et le handling de Winnicott)

– Par de l’ATTENTION : Ce deuxième pôle correspond à l’intérêt du parent porté à l’égard de l’enfant. En effet, l’enfant se sent aimé lorsqu’il sent que ses parents s’intéressent à lui. On peut souligner de suite que rares sont les parents qui ne portent pas attention à leur enfants. En fait ce qui se joue le plus souvent c’est le domaine d’attention. L’enfant va être attentif à l’intérêt porté pour  certains domaines principaux, qui parfois échappent aux parents pour différentes raisons : ses productions (dessins, fabrications…), ses jeux, son sport, son quotidien (ce qu’il se passe à l’école), sa scolarité (ses difficultés et surtout ses réussites)

Cette attention s’accompagne de paroles d’encouragement, de réconfort et de valorisation. Elles appuient l’intérêt du parent aux yeux de l’enfant. Mettre en avant l’aspect positif de chaque domaine aide davantage l’enfant à corriger les aspects négatifs. Par exemple mettre l’accent sur ses réussites scolaires l’aidera à travailler encore plus pour s’améliorer là où il a des difficultés.

L’attention requiert du temps pour observer, écouter son enfant, mais aussi pour partager un moment avec lui, et c’est ce moment de partage qui va être ressenti comme de l’amour. Or, souvent le temps est compté dans le monde des adultes. Tout est chronométré à la seconde près et il y a très peu de place pour un éventuel arrêt imprévu.

Ce que je conseille c’est de toujours avoir un bon quart d’heure en avance sur le programme pour avoir ce temps de partage et d’écoute avec votre enfant, car bien souvent ce n’est qu’à cause des programmes chargés que les enfants ne ressentent pas l’attention de leurs parents. Or l’enfant dira : « Mes parents ne m’aiment pas car ils ne  s’intéressent pas à moi, ils n’ont jamais le temps pour moi…»

Intérêt général des enfants : devenir un adulte autonome dans la société actuelle. En effet, si chaque enfant est différent, ils ont néanmoins un intérêt commun : devenir adulte. Les parents doivent avoir constamment ce besoin en tête car ce n’est pas l’enfant, cette fois-ci, qui pourras lui dire, il n’en a pas encore conscience. Cet intérêt général pourra être le garde-fou des actes des parents. Je m’explique : la question qui va revenir souvent sera : « Est-ce que mon amour ou mon comportement envers mon enfant lui permettent de s’épanouir, d’évoluer, d’acquérir de l’autonomie, de se socialiser etc. ? » On retrouvera l’importance de cet « intérêt général » au paragraphe : le triangle des 3 A.

Par une ASCENSION : l’enfant doit se sentir poussé vers le haut par ses parents. Il cherchera toujours auprès d’eux une sorte de valorisation qui se rapprocherait même d’une sorte d’approbation nécessaire à son développement.

L’enfant se sent valorisé par des  paroles qui mettent en avant ce qu’il fait, ce à quoi il s’intéresse. Ces paroles valorisantes encouragent l’enfant et l’aide à renforcer son estime de soi. La valorisation passe aussi par des actes. Tout ce que le parent va mettre en œuvre pour accompagner l’enfant sera source de valorisation. On le voit bien notamment lorsque l’enfant fait du sport, la présence des parents à ses matchs ou représentations est très importante. De même lorsque l’enfant insiste pour que le parent l’aide dans une matière qu’il aime et maitrise pourtant très bien. Il a besoin de sentir que les parents sont fiers de lui.

Le triangle des 3 A.

La question qu’on peut se poser à ce stade est la suivante ; « Comment éviter le trop et le pas assez ? La réponse peut être donnée à partir de la géométrie :

Voyons les 3 A de l’Amour comme les pointes d’un triangle, le point de gravitation  (qui permettrai donc au triangle de tenir en équilibre sur un pic) se trouve au centre du triangle. C’est en ce centre que l’on doit se positionner pour être en équilibre entre les 3A. Les 3 pôles sont garants les uns des autres. En d’autres thermes il ne faut pas qu’un pôle soit plus représenté que les deux autres.

Exemple d’une surreprésentation du pôle  Ascension :

C’est ce qui se passe lorsqu’un parent pousse son enfant à toujours être le meilleur en tout, à avoir toujours les meilleures notes à l’école, les meilleures performances au sport etc, sans faire attention aux difficultés récurrentes de l’enfant ou à son désir de pratiquer un autre sport car celui-ci ne lui convient pas. De plus, cette « pression » s’accompagne souvent de paroles dures et strictes. Ici les pôles Attention et Affection sont sous-représentés. L’enfant va alors faire ce qu’il peut pour ne pas décevoir le parent en mettant de côté ses désirs personnels.

Exemple d’une surreprésentation du pôle Affection :

Dans ce cas on arrive très vite à des cas d’infantilisation, comportements qui peuvent mettre mal à l’aise l’enfant. Le plus souvent ce sont les mères qui sont dans ce cas. L’enfant grandi mais le comportement affectif de la mère ne s’adapte pas. Elle l’appelle toujours par son surnom de nourrisson ou mon bébé alors qu’il n’en est plus un. Elle le câline en toute circonstance alors que l’enfant en grandissant acquiert une pudeur et ne veut plus être cajolé devant la porte de l’école par exemple. Malheureusement, le parent n’y fait pas attention (pôle Attention -) et ne permet pas à l’enfant de grandir (pôle Ascension -).

Exemple d’une surreprésentation du pôle Attention :

C’est le cas de parents trop intrusifs. Ils cherchent à tout savoir sur leur enfant pour combler au plus vite le besoin ou le désir de l’enfant. Celui-ci n’a plus le plaisir de parler de lui car les parents savent déjà tout et interviennent, souvent maladroitement, avant même que l’enfant ne le demande. Ce comportement ne l’aide pas à se construire car il n’apprend pas la frustration qui s’apprend dans l’attente de la réalisation des désirs ou des besoins et il ne se forge pas un espace privé qui plus tard, doit le protéger dans son rapport à l’autre.


Conclusion :

Les enfants ont besoin de ressentir l’amour de leurs parents de façon concrète dans leur vie de tous les jours. Ces manifestations doivent évoluer avec l’enfant et son caractère car dans une même fratrie on peut se rendre compte que les enfants ne demandent pas exactement les mêmes manifestations d’amour. C’est donc un travail sans relâche pour les parents, que de montrer à leur enfant tout leur amour. Ceci dit c’est la base de la construction de l’enfant car en effet, on retrouve chez beaucoup  d’ados en souffrance cette phrase : « Mes parents ne m’aiment pas, ils ne s’occupent pas de moi, ils ne savent même pas ce que je fais, ça ne les intéresse pas… »

Et dans la bible?

Dieu lui-même a manifesté son amour envers les hommes, La Bible dit :

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique afin que quiconque croit en Lui, ne périsse pas mais qu’il est la vie éternelle. » Jean 3 v.16

« Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimé, nous qui étions morts par nos offenses, il nous a rendus à la vie avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés) »  Ephésiens 2 v.4-5

Notre réponse à cet amour est notre amour pour Dieu qui se manifeste par l’obéissance à sa Parole:

 « Celui qui a mes commandements et celui qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai, et je me ferai connaitre à lui. » Jean 14 v.21

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui. » Jean 14 v.23

 Dieu nous demande aussi d’avoir de l’amour pour les autres par des actes concrets :

« C’est ici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé.  Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » Jean 15 v.12-14

« Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » Matthieu 5 v.44-45

 L’amour est donc plus qu’un sentiment, c’est toute une façon d’être et d’agir …

Johanna Gastine

Bibliographie :
Les 5 langages de l’Amour de Gary Chapman
Les langages d’amour des enfants de Gary Chapman et Ross Cambell
Guides des relations familiales de Gary Chapman
Éduquons adéquatement nos enfants de Hortense Karambiri

Psychologue Clinicienne chrétienne

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